Hervé Guibert lu par Malik Zidi

Lecture : À l’endroit du cœur
20h30, TnBA Atelier

Montage de textes d’Hervé Guibert lus par Malik Zidi.

J’ai fait fi du conseil donné sur le programme de l’Escale : « Cette lecture s’adresse à un public averti ». Je l’avoue j’étais bien loin de l’être, mais je me félicite d’avoir désobéi et bravé cette mise en garde décourageante et aussi supporté le grand inconfort de la salle. Mais passons ces détails futiles et revivons cette lecture.

L’obscurité, presque le noir absolu. Un rond de lumière et au centre une chaise haute, un pupitre, et un micro. Le reste n’est qu’ombre. Du public enténébré sort un homme : la trentaine, vêtu de beige, la pâleur de son visage accentuée par le roux de ses cheveux et de sa courte barbe. Il monte sur scène, entre dans ce halo de lumière jaunâtre qui le rend terreux, ôte sa veste qu’il pose sur le dossier de la chaise, et s’assoit. Une musique orientale retentit lorsqu’il commence à parler : trop forte, paraissant même incongrue car j’aurais voulu saisir les premiers instants de sa voix. Enfin elle se tait, et je l’entends : un timbre apaisant mais aussi le sentiment d’une volonté féroce de donner du sens et du poids aux mots. Ceux-ci sont crus, poignants, déchirants.

Il fallait toute la douceur et la fragilité de la voix de Malik Zidi, mais aussi la puissance de sa détermination d’acteur pour exprimer la faiblesse d’une enveloppe charnelle trop insuffisante pour contenir les pensées, les sentiments d’un homme. C’est l’impression que m’ont laissée les textes d’Hervé Guibert : un amour, une vivacité d’esprit, une intelligence emprisonnés dans un corps malingre. Et pourtant ce corps, considéré dans sa matérialité la plus brutale, est le premier filtre de son ressenti du monde.

Je ne sais si je ce que je pense est juste, n’étant pas de ce « public averti » dont parle l’Escale. Je n’écris simplement que ce que j’ai ressenti. À l’endroit du cœur est certainement là où cette lecture m’a touchée. Vendredi soir, c’est assurément au TnBA Atelier qu’il fallait être si l’on voulait de l’émotion.

Christelle Fontaine

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